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Soleil noir

7 janvier 2011

Les Taxis

Tient commençons donc par quelque chose de léger : les taxis.
On apprend bien des choses par les taxis. C'est d'ailleurs une des
raisons qui me pousse à ne pas vouloir prendre de voiture. Et à
m'enfermer dedans avec la famille et la clim. Mais passons.

Il y a en quelques choses comme 3500 officielrue_de_charbonnagess qui parcours en tout
sens une ville au maillage routier ....pour le moins très inégal. A
cela s'ajoute des "clando", peut-être aussi nombreux.
Mais n'allons pas croire que le "clando" est un clandestin. Enfin si.
C'est une voiture banalisée, plutôt défoncée mais ça la plupart des
taxis le sont. Les clando n'ont pas de couleur, et surtout pas de
numéro de licence. Pourtant ils sont officiels. C'est une
auto-organisation légitimée par tolérance. Mais ils doivent eux rester
cantonnés à un quartier. En fait ils se contentent souvent de faire
une ligne reliant deux points notable au noms chantant. Genre
"Charbonnages--Derrière-la-prison", "Gros bouquet--marché Louis". Les
clandos sont donc des véritables lignes régulières de transport public
régis par un code très clair. Ils pourront charger un client et
l'amener loin de leur secteur mais qu'ils n'aillent pas prendre
quelqu'un loin de chez eux! Flics et réguliers leur tomberaient
dessus.
Au point de charge, l'équivalent de l'arrêt de bus en somme, les
clandos ont leur placeur. A charbonnage par exemple (la photo) un
clando me racontait que sans un gamin pour décider de l'ordre de
départ, les gens s'écharperaient. Aussi ont ils collectivement et non
sans autogestion désigné le jeune vendeur de musique comme placeur.
J'ai par la suite de nouveau rencontré des cas où la sagesse, la
connaissance Clack! de leur propre nature humaine conduisait à ce
genre de décision. Le placeur a autorité pour faire ranger les
voitures. . Les clando payent le placeur pas mal pour quelqu'un qui
peut se livrer sans frais à une deuxième activité parfaitement
compatible. 500CFA par clando et par jour si j'ai bien compris.
J'hésite à convertir en euros, ça n'a pas vraiment de sens dans monRDV_de_Clandos_pour_d_part___la_mer
propos. La course de clando pour relier deux points coute 100CFA. Les
clando remplissent leur carlingue au départ ou sur la route (c'est le
même prix). Leur taux de remplissage en font à mon avis un excellent
Clack! mode de transport en commun, si on veut bien oublier ce qui
sort de leur pot d'échappement.

Si on veut pousser la virée plus loin il fat faire appel à un taxis
labellisé. Rouge et blanc ou violet et blanc pour la bourgade voisine
d'Owendo, tous des Toyota surélevées affichant un respectable 300 000
au compteur en moyenne. J'en ai ai pris un avec 700 000 qu'un vieux
taximan vendait encore 1,5 million (2300 euros)...
On peut se faire prendre à domicile ; après seulement deux mois de
LBV(Libreville) je compte déjà plus d'une dizaines de numéros de taxi
man, répartis entre ceux du matin et de l'après midi-soir car il est
rare qu'ils fassent les deux. Utile, presque indispensable d'avoir
ce genre de contact. A la nuit tombée il y a des traversée à pied
qu'il vaut mieux éviter....Évidemment faire venir un taxis c'est plus
cher, Mais avec un soleil de plomb (j'ai seulement ici compris le sens
de cette expression!) ou un pluie qui fait des trous dans la latérite,
on se ménage la santé à ce prix. Ah oui le prix. Un aspect intéressant
du taxis. La course varie du simple au...beinh il n'y a pas de limite
en fait. C'est un peu un marchandage permanent sans aucune palabre.
Si un trader débarquait, il serait sans doute ravi de voir le jeu de
l'offre et la demande s'équilibrer en apprence. Mais s'il tentait d'en
prévoir le bon prix à annoncer pour voir son offre satisfaite, il s'en
boufferait les doigts(j'aimerais bien voire ça d'ailleurs).
Il y a certes des paramètres qu'on peut invoquer. La distance à
parcourir, le nombre de personnes à prendre. Si le point de chute est
sur le même gros axe le prix sera ridicule. S'il faut rentrer dans un
quartier, ça grimpe. Mais d'autres critères plus floues et difficiles
à anticiper interviennent : s'il faut passer par un quartier
habituellement embouteillé, si le client est un enfant (on aide
toujours les gamins ici), si la route à suivre passe par des bons
coins pour charger des clients, si l'endroit craint trop, si la route
y est trop défoncée, si vous êtes blanc, et surtout si le taximan est
bien luné.
Le problème est que le taxis doit être hélé au passage. Et que dans ce
petit laps de temps, qu'il marque un arrêt où qu'il se contente de
ralentir, il faut lui balancer la destination (pas si simple on y
reviendra), le nombre de personnes à prendre et le prix.

Et si l'une de ses trois choses ne lui convient pas il repart sans
même un regard...
Il se peut qu'il soit pressé de rentrer, que les clients qu'il a
chargé n'aillent pas au même endroit, que le prix soit jugé ridicule,
qu'il n'ait pas bien compris ce que vous disiez et qu'il renonce à
vous faire répéter ... vous ne le saurez jamais. Du coup pour éviter
des déconvenues, il est bon de maitriser quelques signes
d'intelligence que tout le monde pratique ici dans un grand balais
sémaphorique. Vous êtes sur une route menant à un carrefour, il vaut
mieux indique dans votre geste par où pour voulez passer ; à droite au
carrefour, tout droit... Vous êtes 3 personnes, lever trois doigts. Le
taximan peut commencer son petit calcul. Ne reste plus que le prix.

Si c'est bon, le bon taximan se contentera de vous regarder avec un
léger, imperceptible mouvement de sourcil ; ou plus souvent
signalera-t-il son assentiment par un léger coup de klaxon. Arrêtons
nous d'ailleurs sur les coups de klaxon . Selon la force, la
sécheresse et la longueur du coup, le taximan averti et économe de
salive va pouvoir suggérer l'essentiel . Il y a le coup de klaxon pour
dire "ok-pour-la course" donc. Il y a celui pour dire
"j'arrive-qui-veut-que-je-le-prenne-annoncez-la-couleur" (en général
deux coup secs). Il y a bien sur le jovial "salut-mon-pote", le
prudent "attention-j'arrriiiiive-vite-sur le-carrefour"(la priorité à
droite ici n'existe que pour les camions lourds et les transports
militaires, qui ont d'ailleurs priorité tout court), le
"fait-gaffe-à-tes-fesses-piéton", sans oublier l'universel
"pousse-toi-de-la-donc-où-c'est-que-t'as-appris-à-conduire!!!".

Reste donc Clack! la destination. Ah oui. Ici il faut savoir qu'aucune
rue n'a de nom, hormis celle du palais présidentiel (qui s'appelle
général de Gaule(sic)!), celle du pape Jean Paul II (resic), celle du
premier président-père-de-la-nation-Léon M'ba (qui à aussi sa route,
son lycée, son aéroport, sa clinique, sa place, sa caserne,
probablement son équipe de foot et j'en passe). Et enfin la glorieuse
avenue qui fait la fierté du Librevillois : le boulevard Triomphale,
bordée de ministère à l'architecture mégalomaniaque, des palais de la
républiques et des supermarchés. L'essentiel quoi.

Bref, pour en revenir à l'indication à donner au taxi, on se
débrouille en indiquant un repère : tel hotel, tel Ministère, tel
carrefour , le feux rouge de tel quartier etc...bien sûr parfois on ne
sait pas vraiment où se trouve l'endroit (typiquement un bar) et on
compte sur le taxis avec plus ou moins de chance.

Une fois tous ces détails réglés. On peut s'intéresser au taximan lui
même, ou aux personnes qui partagent le bout de chemin. Car d'une
manière générale les gens sont assez bavards. Bien que les taxis, un
peu abrutis par une journée de travail au soleil, soient parfois lents
à sortir de leur mutisme.

Les taximen, c'est un bout d'Afrique dans une carlingue. Pas de
gabonais en fait. Togolais, Béninois, Ivoirien, Sénégalais, Malien
....Venus pour ramasser quelques sous ou plus souvent pour fuir les
difficultés politiques ou sociales de leur pays. Ce n'est pas qu'ils
gagnent des milles. Mais chez eux le travail peut manquer du fait
d'une population trop dense. Le Gabon c'est un petit pays (la moitié
de la France quand même) avec très peu d'habitants (1.5 millions en
gros). Et surtout en paix.
Et les gabonais le font bien payer aux immigrants. La carte de séjour,
selon le pays de provenance, coute entre 100 000 et 500 000 CFA à
l'année(150 à 750 euros). Autant dire que beaucoup sont irréguliers et
se contentent de verser des amendes, alimentant un racket policier qui
est une vraie composante de la vie de Taxis.
En plus de leur papier, les taximen réguliers doivent s'acquitter de
leur licence (1 million de CFA) et de l'assurance, encore 500 000.
Sans compter les réparations courantes car la route....ha oui il va
bien faloir que je parle de la route. Merde il est tard.
Bon je finis. Le taximan pour s'en sortir doit donc travailler 7 jour
sur 7, 8 à 10 heures par jour. Pour gagner quelque chose (net, quand
il a tout payé) comme 30 000 CFA par semaine . 45euros.

Dans les taxis les conversations varient et peuvent porter sur tout.
Où alors on se contentera d'écouter RFI ou Africa n°1 qui sont les
radios de références (surtout RFI). J'aime bien ces ambiances. On se
fait trimbaler. Des gens montent. Descendent. On roule les fenêtre
ouverte. Le soleil frappe dehors mais le courant d'air rafraichi. La
discussion s'enflamme sur la fidélité des africains, sur les élections
prochaines en Côte d'Ivoire, s'assombrit sur les inondations au
Togo....On parle de la saison des pluies qui n'arrive pas...

La taxis est enfin une occasion d'entendre les accents, d'écouter les
sujets de conversations des uns, ce qui se dit à tel moment, de
comprendre aussi la circulation des personnes dans cette ville, de
rencontrer des hommes d'affaires comme des pauvres gamins sans le
sous.

Je reviens sur la saison des pluie qui vient d'arriver, avec son
cortège d'éclairs. Ce sera un nouveau sujet à évoquer. Et de nouvelles
épreuves pour les taxis. Car la pluie laisse des traces. Sitôt quittés
les rares axes goudronnés, les rues sont des pistes de terre ou de
latérite, un oxyde de fer très dur, qui forment avec le ravinement des
grosses bosses qu'on pourrait croire infranchissable. Mais qui le sont
tout de même à grand coup d'usure de pneu et de suspension. Avec la
saison des pluies le ravinement de la saison précédente s'aggrave et
s'y ajoute la naissance d'immenses flaques à la profondeur variable.
Plus la boue qui se forme là où les services municipaux, enfin ce
qu'il en reste, on mit de la terre pour boucher les trous....

Voilà je crois que j'ai fait un peu le tour...j'avais l'impression
d'avoir encore plus de choses à dire mais avec la nuit déjà bien
entamée mon cerveau s'embrûme. Je me lève dans
heure fichtre! J'essaye sans trop y croire de joindre 2-3 photos.
Sinon faudra attendre que le blog soit alimenté...

Je vous laisse.

Un dernier moustique à éclater. Clack!

bises!!!!


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2 novembre 2010

La p'tite famille au Gabon


Partis de Paris le 20/08/2010 pour Libreville, province de l'Estuaire, originaires de Tolosa, 2 parents enseignants, Titi et Valou (en lycée et en maternelle à LBV ) et 2 gremlins, Titouan et Maïa, âgés respectivement de 6 et 4 ans......
Prêts pour de nouvelles aventures et vous faire découvrir au fil des mois notre p'tit périple familial......Comment s'adapte une p'tite famille en milieu estranger ?
Toutes les photos vous sont offertes par les amis tolosains (Vive la Canaille du Midi, spéciale dédicace à Petra, Pierre, Mathilde, JB, Martha et Thierry et les profs du collège Lamartine.......)

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